Un rôdeur

Aon approchait des portes du Souffle d'Eolia. Jetant un coup d’œil en arrière, il sursauta... Mais la créature juste là, se découpant dans le brouillard, était seulement Babar_Aon avec sa charge de paquetages. Puis l'animal émit un mugissement caverneux, comme pour éviter à son maître de devoir signaler sa présence à l'intérieur du fort... L'elfe jugea tout de même opportun de toquer, comme le voulaient les coutumes montagnardes.

Alors que Sayanel dormait paisiblement contre le ventre bedonnant de son familier grizzli, bercé par les ronflements caverneux du plantigrade, il rêvait qu'il plantait des clous...

Toc ! Toc ! Toc ! faisait la tête de marteau contre les dards d'acier.

Toc ! Toc ! Toc !  ...

Toc ! Toc ! Toc !  ...

Finalement, il ouvrit un oeil.

Toc ! Toc ! Toc ! 

Grognant qu'on le dérange dans son hivernation, il quitta sa chaleureuse couverture ronflante et actionna la cloche de la forteresse.
Mal lui en pris, peu réveillé, il se trompa de corde et tira sur celle alertant d'un siège...

Hum hum qui peut bien toquer à cette heure? 

Réveillée en sursaut par le son d'une cloche, Iniorel se redressa d'un coup.

Le tocsin? On nous attaque?

Elle se leva précipitamment, enfila ses vêtements en un tournemain et alla jeter un coup d'oeil par l'une des fenêtres donnant sur l'extérieur.
Là, elle vit un rôdeur dont l’allure lui disait quelque chose, accompagné par son familier.

C'est ça, l'armée qui nous attaque...?

Sans préjuger des capacités du rôdeur, cela lui semblait un peu court.
Elle se décida à l'interpeller.

"Hé, vous là-bas! Nous ne nous rendrons pas! Vous feriez mieux de lever le siège de suite et de décamper."

Dans le même temps, elle se sentait un peu bête de dire cela à ce duo qui n'avait pas franchement l'air menaçant...

Aon regarda Babar_Aon. Babar_Aon mugit de nouveau. De toute façon ça ne pouvait pas être elle* qui avait actionné la cloche. Et le résultat était là : pire que tout ce que l'elfe avait pu imaginer ! Lui qui se voyait saluer amicalement la personne qui lui ouvrirait, se présenter, espérant qu'on lui offrirait le gîte...

"Hé ho, c'est moi, Aon ! Je suis venu vous rendre une petite visite et quérir votre hospitalité ! Pardon, je ne pensais pas arriver pendant la sieste générale !" 

(*edit ^^)

Aon? Iniorel réfléchit un instant puis se souvint qu'elle avait effectivement croisé ce rôdeur à MZ.
Il avait été parfaitement correct, ce n'était pas un ennemi du tout. Et en plus, il demandait l'hospitalité.
Iniorel se sentit confuse et quelque peu honteuse, ce n'était pas dans les habitudes du Souffle d'accueillir les gens de cette manière! Aussi lança-t-elle quelques instructions pour rattraper les choses.

"Levez l'alerte, ce n'est qu'un simple visiteur! Et ouvrez les portes, il faut l'accueillir céans! Et puis éteignez le feu sous cette marmite d'huile, nom de nom!!! Ah, Scarnade... tu veux bien arrêter d'affûter cette hache?"

Tout en se précipitant vers l'entrée, elle se demanda qui avait bien pu sonner le tocsin. Il y avait des coups de pied occultes qui se perdaient, ici.

Le pont-levis s'était abaissé, la herse remontait, elle put donc accueillir leur visiteur dans des conditions décentes.

"Bien le bonjour à toi, ami Terran. Donne-toi la peine d'entrer, je te prie. Nous pouvons nous occuper de ton familier si tu le désires? Et pour toi, nous avons une bonne place dans notre taverne, au coin du feu."

Ajustant son pourpoint, se frottant encore les yeux, Sayanel arriva en vue de la grande porte.

Tiens, Inoriel discute avec le visiteur qui est ... ?

Étouffant un ultime bâillement - les parties de cartes avec Tigrrr et Ysabeau se terminant toujours à point d'heure - , Sayanel accueillit sa vieille connaissance !

Quelle surprise Aon, comment vas-tu ? Et tu as emmené avec toi Babar, oh, mais il a grossi le petit ?

Il serra chaleureusement la main d'Aon et grattouilla la tête de Babar.


Voyant les hallebardiers retourner à leur poste ainsi que les arbalétriers ranger leurs carreaux, il se souvint de la cloche.

Sifflotant, il ajouta.

Navré de cet accueil en fanfare Aon, me demande bien qui a pu enclencher le cloche d'alarme.

Se grattant le menton, il sourit innocemment.  

Aon était déjà tout ragaillardi : la chaleur de cet accueil avait suffi. Il posa son sachet de tabac sur l'âtre, car l'humidité ne l'avait pas épargné lors de l'ascension. Pas plus que ses os, qu'il alla délasser sur un siège tout proche, en adressant à ses hôtes un sourire reconnaissant.

"Au moins, on se dit qu'ici, il y a peu de chance de se faire réveiller le couteau sous la gorge !" Puis il rit de bon cœur.

Il savait aussi que Babar_Aon baignait dans son jus. L'énorme léchouille dont elle* avait gratifié Saya en témoignait... 

(*edit ^^)

Iniorel sourit aux mots de leur invité.

"Peu de chances en effet... Par contre, on se fait parfois réveiller par le tocsin."

Déclaration suivie d'un regard appuyé vers ses compagnons, guettant une réaction révélatrice.
Puis elle se tourna vers Aon.

"Est-ce qu'une boisson te ferait plaisir? Ou un repas chaud, même?
On a un peu de tout, ici, fais selon tes envies.
Nous te ferons préparer ça pendant que tu nous expliqueras les motifs de ta visite, si tu veux bien?"

Les yeux d'Iniorel pétillèrent d'intérêt à cette déclaration.

"Alors tu souhaites nous rejoindre? Fort bien, nous allons étudier ta demande.
Il reste un peu de temps avant l'heure du repas, autant le mettre à profit."

Elle fouilla dans son nécessaire d'écriture et en sortit un parchemin qu'elle déroula sur la table.

"Voici un formulaire standard de recrutement 263 modifié 21.
Si tu veux bien nous le remplir... après quoi, nous irons faire un tour au bureau de recrutement.
Tu pourras me rejoindre au bureau 7629B. A tout de suite."

Et Iniorel se leva et quitta la taverne en direction d'un vaste bâtiment.

Le rôdeur dégaina sa plume de foulet vert, qu'il gardait depuis son arrivée sur la Terre des Elements. Il essuya discrètement la petite goutte qu'il avait au nez. Mince, de l'encre... Heureusement il en avisa un petit pot sur un buffet de la taverne. Avec une admiration non feinte pour le sérieux avec lequel était traitée sa demande, il entreprit de renseigner un à un les éléments qui se succédaient. Au bout de dix minutes - peut-être un peu plus - il en venait à bout. Sayanel le regardait d'un air apitoyé, lui sembla-t-il. L'elfe se leva pour emprunter le même chemin qu'Iniorel, un moment plus tôt. Avant de quitter la pièce, il adressa au rôdeur et à son ours une formule elfe, qui signifiait à peu près ceci : Ma joie est grande, de trouver si bon accueil en votre demeure, et je vous remercie de tout mon coeur.

Zardoz salua chaleureusement Aon quand il le croisa par hasard au détour d'une salle de la forteresse.
Aon le mit rapidement au courant de la raison de son passage, et Zardoz se réjouit de sa décision, ravi de pouvoir partager le même blason avec ce valeureux rôdeur.

Je dois te quitter à présent pour me rendre au bureau 7629B y déposer mon formulaire 263 modifié 21, lui dit Aon en s'éloignant à grands pas.
Oui bien sûr, à plus tard à la taverne autour d'une chope de bière !


Jamais entendu parler de ce bureau ni de ce formulaire...
Les tracasseries administratives se font de plus en plus pressantes ces temps'ci...


Sur cette réflexion , Zardoz se dirigea vers la taverne pour déjeuner.
Une table proche de l'âtre lui parut être idéale et il s'y installa, après avoir salué Scarnade à la table à côté. Le guerrier était en train de faire une nouvelle entaille sur ses gants . L'aqueux ne les enlevait jamais, se contentant de faire disparaître au mieux les tâches de sang qui les maculaient.
Un de plus qui doit reposer à la nécropole, à présent, songea Zardoz